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Frank Richardson enleva ses lunettes de lecture et se frotta les yeux, assommé de fatigue. Cela faisait des heures qu'il épluchait les archives, relisait tous ses articles et en photocopiait les parties importantes. Au cours de la période d'activité de Blanche-Neige, Richardson avait écrit plus de quatre cents papiers sur loi.

Il se rappelait parfaitement cette époque excitante où il avait à communiquer les pires nouvelles possibles aux citoyens de Nashville. Il travaillait en étroite collaboration avec la police et décrochait plus de scoops qu'aucun autre reporter. Il était fier de son travail, de l'attention qu'il portait aux détails, de ses analyses méticuleuses. Pas d'idées préconçues, pas de piques contre la lenteur de la police : juste une chronique solidement documentée de toute l'affaire Blanche-Neige, d'un bout à l'autre.

Il savait que Taylor s'intéressait à ses conjectures au sujet de l'identité du tueur. Elle l'avait informé de la disparition de la chevalière et de ses soupçons concernant Burt Mars. Richardson avait pris la liberté de chercher à localiser Mars, dont la dernière adresse connue était à Manhattan. Cela lui avait donné du fil à retordre, mais ce qu'il avait découvert était stupéfiant.

Mars avait quitté Nashville en 1989 dans le sillage d'un scandale financier. Il était parti dans le Nord à la recherche de liquidité et d'anonymat. Après un silence radio de plusieurs années, il avait ouvert un bureau de comptabilité dans le Lower East Side, à Manhattan. En l'espace de six ans, il s'était fait une réputation et s'était affiché en gros sur le radar de la police. Condamné pour extorsion et corruption organisée en 1998, Mars avait passé quelque temps au pénitencier fédéral d'Otisville.

A présent, il était sorti de prison et avait remonté une entreprise de consulting spécialisée dans les fonds d'investissements immobiliers. Il s'agissait d'un secteur particulièrement propice aux magouilles en tous genres, mais, selon les informations publiquement disponibles, l'entreprise de Mars était réglo. Des rumeurs couraient quant à une éventuelle implication avec la mafia; il avait été lié à des personnes bien connues de la police new-yorkaise, mais il n'y avait jamais eu d'enquête officielle sur ses relations avec le crime organisé. Bref, Mars était devenu prudent. En surface, ses activités commerciales semblaient parfaitement licites, et ce n'était pas un crime d'être ami avec des criminels.

Les bons vieux instincts de journaliste de Richardson lui disaient, cependant, que cette histoire sentait le roussi.

Il avait passé la journée à faire des recherches par téléphone et sur internet, en demandant à quelques connaissances de lui rendre service. Il était parvenu à des conclusions très intéressantes. Son intuition initiale s'était révélée payante. Ce qu'il avait découvert était énorme.

Richardson ne s'était pas senti aussi vivant depuis des semaines, voire des mois. Il était de nouveau en selle. Il avait déjà le projet d'écrire un livre sur toute cette affaire, de se faire un joli paquet en droits d'auteur. C'était le genre d'histoire qui se vendait comme des petits pains.

n imprima consciencieusement toutes les informations qu'il avait trouvées, y compris les adresses et numéros de téléphone. Cette Taylor Jackson lui plaisait : il admirait son cran, et aussi ses longues jambes. Une chose était sûre : son fiancé avait de la chance. A vrai dire, elle lui rappelait un peu sa femme quand elle était plus jeune.

Frank rangea ses affaires dans sa mallette. Il était en pleine forme. En se dépêchant, il avait peut-être des chances d'arriver au bureau de Taylor Jackson avant que la belle ne ferme boutique.

Tu tueras pour moi
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